Yann Piat, chronique d'un assassinat

Portrait de femme politique magnifiquement interprétée par Karin Viard CANAL+ 20.55|TÉLÉFILM|

Le Monde | 13.04.2012 à 10h29 | Par VĂ©ronique CauhapĂ©

Le téléfilm d'Antoine de Caunes est d'abord et avant tout un beau portrait de femme. Un portrait qui s'attache assez scrupuleusement à éclaircir un caractère et un itinéraire par une blessure d'enfance et une histoire familiale douloureuse dont le traumatisme déterminera les choix et le sens d'une vie. C'est ensuite, sur fond de collusion politico-mafieuse, le récit d'une tragédie. Avec, à la clé, les sentiments de "crainte et de pitié" que le genre se doit d'inspirer au spectateur.

Yann Piat. née de père inconnu, abandonné à l'âge de 7 ans par sa mère, placée dans des foyers d'accueil, n'aura de cesse de vouloir être reconnue, écoutée, aimée. Une quête existentielle qui prend des allures de revanche dès son entrée en politique en 1982, auprès de Jean-Marie Le Pen. Poussée par un besoin de filiation plus que par militantisme et adhésion aux idées d'extrême droite, elle contacte, en effet, cette année-là, le président du Front national (FN) parce qu'il fut un ami de sa mère en Indochine.

DU FRONT NATIONAL À L'UDF

Il n'empêche. Au sein de cette nouvelle "famille", elle devient secrétaire départementale du parti dans les Landes avant d'être élue députée du Var en 1986. Deux ans plus tard, elle prend ses distances avec le FN, dont elle finit par être exclue en 1988. Elle rejoint alors les rangs de l'UDF pour mener, sans argent ni appui politique, un combat acharné contre la corruption en vigueur dans son département, le Var. Seule contre la mafia locale (et les politiques qui la soutiennent), Yann Piat est assassinée par deux hommes à moto alors qu'elle rejoint son domicile en voiture, le 25 février 1994.

C'est sur cette scène d'une violence inouïe que s'ouvre et se termine le téléfilm d'Antoine de Caunes. Entre les deux, un long flash-back tente de reconstituer le puzzle d'une mort annoncée. Et de réhabiliter une femme qui, a priori, ne suscite guère la sympathie, ainsi que l'exprime Dominique Garnier. "Quand on m'a.

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