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La Cité de l'ombre film streaming regarder en ligne QHD

  • La CitĂ© de l’ombre
  • (City of Ember)
  • États-Unis -
  • 2008
  • RĂ©alisation. Gil Kenan
  • ScĂ©nario. Caroline Thompson
  • d'après. le roman The City of Ember
  • de. Jeanne DuPrau
  • Image. Xavier PĂ©rez Grobet
  • Montage. Zach Staenberg, Adam P. Scott
  • Musique. Andrew Lockington
  • Producteur(s). Tom Hanks, Gary Goetzman, Steven Shareshian
  • InterprĂ©tation. Saoirse Ronan (Lina Mayfleet), Harry Treadaway (Doon Harrow), Bill Murray (le maire Cole), Tim Robbins (Loris Harrow), Martin Landau (Sul).
  • Date de sortie. 17 dĂ©cembre 2008
  • DurĂ©e. 1h35
  • voir la bande annonce

Les lumières de la ville, par Stéphane Caillet

La CitĂ© de l’ombre

City of Ember

Avec l’arrivée des films familiaux dégoulinants de bons sentiments, l’approche des fêtes de fin d’année donne souvent des sueurs froides aux cinéphiles les plus téméraires. Par sa critique de notre modèle sociétal, La Cité de l’ombre amène un peu de lumière et de neurones à cette période obscure et abondamment sucrée. Toutefois, cette première œuvre en prise de vue réelle de Gil Kenan, qui avait réalisé le mitigé – bien qu’estimé – Monster House. s’appuie avec trop d’insistance sur le scénario de Caroline Thompson – la scénariste d’Edward aux mains d’argent –, qui adapte ici le roman éponyme de la romancière pour enfants Jeanne DuPrau. L’auteur illustre alors plus qu’il ne transfigure le message du livre.

La Cité de l’ombre relève davantage du conte noir que du film lambda pour enfants. le film, qui reprend les écrits de DuPrau, raconte l’histoire d’Ember, une ville souterraine construite il y a deux cents ans par des scientifiques – les Bâtisseurs – pour préserver l’humanité de son extinction. Cette ville est éclairée par un gigantesque générateur qui arrive à la fin de sa vie. Bien que les coupures d’électricité se multiplient, les habitants, prisonniers de leur confort et perfidement asservis par le pouvoir en place, se contentent de leur condition avec un fatalisme quasi religieux. baignant dans un certain obscurantisme, ces illuminés attendent le retour des messies sans remettre en question leur mode de vie. Ils sont surtout confortés dans leurs idées par un maire omnipotent – Bill Murray, faisant son numéro habituel –, qui leur ment avec mépris. Si on ajoute à cette description que les habitants se voient attribuer dès leur adolescence des fonctions sociales qu’ils ne peuvent pas choisir, on comprend très vite que l’on est en présence d’un film assez critique envers notre société réglée et aliénante. Seuls deux adolescents et un scientifique – Tim Robbins – rêvent encore de s’enfuir et de trouver une lumière libertaire. L’œuvre parle ainsi d’une rébellion contre un ordre établi. sortir d’un carcan social concentrationnaire pour gagner la lumière et choisir sa destinée. Elle délivre également un vrai discours écologique. les habitants d’Ember abusent de leur unique ressource d’énergie – le générateur – sans imaginer trouver un autre moyen de survivre. Le métrage transmet alors un message d’espoir et de révolte contre notre tendance à l’endormissement consumériste. Il croit surtout en l’intelligence d’une jeunesse qui remet en cause les principes réactionnaires de leurs parents.

Voici un discours très rafraîchissant pour ce type de production familiale, d’autant plus que la forme du métrage est anti-spectaculaire au possible. on est très loin des produits au montage syncopé, qui abusent d’effets numériques masquant les carences de la mise en scène et qui cherchent à abrutir les spectateurs – notamment les enfants – plutôt qu’à les faire réfléchir. Le rythme du film est alors plaisant car Kenan est un solide conteur qui prend le temps d’exposer les enjeux de son histoire. L’univers rétro-futuriste présenté est également intéressant par son foisonnement de détails et de dédales: la ville à une vraie consistance labyrinthique qui permet de construire une intrigue relevant des jeux de rôle. Avec son ensemble d’indices, d’énigmes et sa séquence finale à l’esprit vidéoludique, La Cité de l’ombre relève aussi du jeu vidéo cinématographique, ce qui démontre encore une fois la tendance actuelle à l’interférence entre le cinéma et les mondes pixelisés. Si l’univers filmé est cohérent et pertinent, on peut cependant reprocher au réalisateur de n’être qu’un illustrateur des écrits de Thompson et DuPrau. le film suit un programme dénué de surprises de mise en scène et de figures filmiques nouvelles. L’esthétique de La Cité de l’ombre rappelle d’ailleurs celle de certains cinéastes comme Tim Burton ou Guillermo Del Toro – avec un talent moindre. On peut surtout comparer cette œuvre aux jeux vidéo et aux films d’aventure et féeriques des années 1980 – cette période ayant fortement inspiré le monde vidéoludique – qui se fondaient davantage sur le plaisir éphémère et sur l’efficacité de la mise en scène et du game-play plutôt que sur la profondeur du sujet – tout en ayant une grande puissance esthétique et créative.

Si on retrouve le charme des films et des jeux qui ont bercé notre adolescence ou notre enfance, on peut regretter que le jeune cinéaste ne développe pas avec plus d’insistance le formidable potentiel thématique de son scénario. les problématiques ne sont qu’effleurées en raison d’une forme filmique qui ne permet pas de créer un discours sous-jacent poussé. L’auteur, qui semble être un véritable geek, est alors plus intéressé par le visuel du monde décrit que par les thèmes qu’il traite. Si Kenan est un bon faiseur nostalgique des années 1980, qui sait construire un univers cohérent sans abuser des effets spéciaux qui polluent la mise en scène d’un nombre grandissant de réalisateurs sans génie, il manque encore de personnalité et d’envergure pour affirmer son art et filmer une telle histoire. Malgré ces défauts, il est tout de même difficile de bouder son plaisir devant une œuvre pour enfants qui ne transmet pas un discours purement infantile et commercial.

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